Escapade en Touraine du 2-4 Mars 2007
Par Guillaume Barthélemy
Motivés comme jamais, il est 23h30 lorsque nous pénétrons au bar « 1001verres », en face des Halles. « c’est nous les parisiens de la résa à 21h30 ».
S’en suivent 2 jours de dégustations dans divers spots où les cuvées suivantes nous ont marqués. De « 1001verres » au restaurant « Le Bout du monde » en passant par Bourgueil et le Domaine de la Chevalerie.
Domaine de Bois Lucas - Otosan
Touraine I Rouge I 2004
A Christophe, le propriétaire du restaurant « Le Bout du Monde » à Berthenay nous demandons un vin de la région évitant l’écueil du manque de maturité (beaucoup de Chinon), plaisant mais pas mou. Comment un pitch si peu académique peut-il mettre notre interlocuteur sur la voie ? Certainement grâce à son talent et à un quart d’heure dans sa cave qui surprend son personnel et nous flatte par sa volonté de nous satisfaire.
Nous dégustons à l’aveugle un vin au fruit gourmand, tendre (voire même avec une petite sucrosité, incertaine car je suis seul à la ressentir), avec une belle tenue. Nous avons le sentiment de déguster un très grand vin, nous sommes des privilégiés. Et comme tout grand vin, la bouteille ne nous suffit pas à deux.
Nous apprenons par suite qu’il s’agit d’un Gamay.
Oui en Touraine c’est courant, mais jamais cela n’avait donné de Grands Vins dans cette région (dans l’état actuel de mes connaissances). A Gaillac, c’est friand aussi. Chez Geantet Pansiot en Bourgogne, cela donne un « Bourgogne Grand Ordinaire » bon comme un Pinot Noir. Dans le Beaujolais ? Des Grands Vins effectivement à l’image des « Crus » du Beaujolais (Fleurie, Morgon, Moulin à Vent,…) ou des gourmandises comme les Griottes du Domaine du Vissoux.
Domaine de La Grange Tiphaine – Côt vieilles vignes
Jamais je n’avais dégusté un côt (malbec) aussi mûr et gourmand sous ces latitudes. Bombe de fruits noirs et tanins élégants qui apportent la fraîcheur en fin de bouche. Dans cette gamme de prix (10/12€ prix caviste), il postule au statut de vin star de notre week end.
Tous les vins de ce domaine mené par Damien Delecheneau sont recommandables. Les blancs sont impeccables, et plairont à tous ceux qui ne sont pas dérangé par la tendresse d’une touche résiduelle sucrée sur les vins même vinifiés en sec.
Domaine de La Chevalerie – Les Galichets
Bourgueil I Rouge I 2005
Ma préférence en 2004 était la cuvée Busardières de ce domaine – élégante et racée – qui suivait un 2003 certes charmeur mais un peu démonstratif du fait du côté solaire du millésime.
En 2005, j’apprécie les Galichets, un vin de plaisir immédiat pour tous les amoureux de vins souples, fruités. Ici, le cépage roi est le Cabernet Franc (que l’on retrouve sur la Loire, mais aussi à Bordeaux dans les assemblages, et plus spécialement rive droite et en Entre-deux-mers). Souplesse donc, mais belle tenue pour ce vin qui vous accompagne tout au long du repas.
Le domaine propose un nombre incroyable de cuvées, toutes de qualité. Certaines sont aptes à une très longue garde grâce à un équilibre exemplaire et une structure tannique plus solide comme « Les Busardières » 2005, qui surclasse même le 2004. Mais rdv dans 15 ans si vous avez une bonne cave et de la patience.
Incontestablement le meilleur rapport qualité/prix à Bourgueil. J’adore le Domaine de la Butte, mais j’ai toujours l’impression que tout commence à des prix élevés là bas avec la cuvée « mi-pente », trouvant les cuvées meilleur marché moins intéressantes.
Le week end ne fut pas intégralement consacré à la vallée de la Loire. La dégustation d’un Clos des Goisses 1992 de Philipponat (il s’agit d’un Blanc de Blancs en Champagne) est une apothéose. Je crois que cette cuvée est méconnue du fait de la moindre impression que produisent les cuvées classiques de cette maison, même si elles sont de qualité. Les cuvées demi-sec sont spécialement délicieuses. Si un financier (le gâteau !) traîne en fin de repas, grand moment en perspective.
La Champagne procure d’incroyables émotions. Dans 10 ans, il faudra commencer à ouvrir le Clos des Goisses 1996, que nous avons dégusté le même soir et qui est à l’image de ce millésime où même l’illustre « Cristal » de Roederer pourrait jouer dans la cour des Grands.