Par Théodore Valette et Guillaume Barthélemy
Suite à la dégustation des plus grands Saint-Julien du millésime 2001 lors de notre soirée Wine clubbing « My name is Léoville », faisons le point sur quelques autres vins du millésime.
2001 a donné de beaux vins classiques dotés d’une bonne acidité, qui gagneront donc à vieillir en cave : ce n’est en effet pas le millésime de l’équilibre comme 1999 que nous avons là. A la dégustation, les 2001 se rapprochent davantage des 2002, à deux différences près : 2001 a donné des vins moins dilués pour la plupart et donc moins digestes pour l’instant que les 2002. De plus, contrairement à ces derniers, nombreux sont les 2001 qui ne semblent pas encore en place du point de vue de l'acidité et de l'amertume. Pour ceux qui en auraient fini de leurs 1999 de la rive gauche, mieux vaut faire l’impasse pour l’instant sur les 2001 (et les 2000 !) et commencer à goûter certains 2002, hormis ceux de très haut vol.
2001 pourrait bien être un millésime dans l’ombre de son prestigieux prédécesseur, comme 1983 l’est par rapport à 1982. Toutefois, l'apparente absence d’équilibre des vins laisse à penser que 2001 ressemble davantage à des millésimes comme 1986 ou 1975, où certains vins se sont faits avec le temps, tandis que d’autres ne se feront peut-être jamais.
Il est amusant de garder à l'esprit les commentaires des vignerons au printemps 2002. Tous avaient fait un meilleur vin qu'en 2000.
Châteaux choisis
Ch. Gruaud Larose 2001, Saint-Julien : le vin est un archétype de St-Julien. Assez ouvert, virulent et fin à la fois. Grande fraîcheur. Les défauts de ce 2001 résident pour l’instant dans son caractère austère, acide et quelque peu anguleux.
Ch. Ducru Beaucaillou 2001, Saint-Julien : ce Saint-Julien qui a connu ses sommets en 1995 et 1996 semble encore marqué par le bois. Très austère, à attendre.
Ch. Calon Ségur/Ch. Haut Marbuzet 2001, Saint-Estèphe : voici deux vins de (très) bonne facture, mais différents dans leur style. Calon Ségur 2001 est un grand classique en St-Estèphe qui, bien que tanique, demeure plus fin et digeste. Haut Marbuzet est en effet un St-Estèphe particulièrement "exotique". Riche, dense, il demeure encore un peu trop marqué par le bois. En 2001, le premier est donc davantage à boire aujourd’hui que le second.
Ch. Grand-Puy-Lacoste 2001, Pauillac : voici celui qui nous régale déjà en attendant les 2000 en cave. C’est le fruit gourmand (cassis) qui impressionne le plus. Texture onctueuse, suave. Régulièrement une bonne affaire. Sans parler du second vin qui, il y a peu était encore un modèle de Pauillac à prix doux.
La Réserve de la Comtesse 2001, Pauillac : parlons du second vin plutôt que du premier qui ne se remettra jamais du niveau stratosphérique de son aîné d'un an. A l'inverse, le 2001 de la Réserve (un second vin qui n'a pas toujours été intéressant) est un joli Pauillac à prix convenable. Il se paie généralement ce qu'on devait débourser pour un "Pauillac de Latour" 1998 (3ème vin de Château Latour) en 2001, du temps où il s'achetait sous le manteau, pour une qualité presque comparable dans le millésime. Fruit mûr, charpenté mais désormais tannins fondus. Un vin plaisant et accessible.
Ch. Mouton Rothschild 2001, Pauillac : c'est indéniable, déguster un très grand est souvent un moment unique, quelque soit le millésime. Tout le monde peut faire la fine bouche, mais il est rare de ne pas avoir d'émotion en retrouvant la touche unique d'un des 5 premiers grands crus. Tannique et équilibré, concentré, riche, d'une noblesse et d'une complexité légendaire. Ne nous focalisons pas en permanence sur les notes Parker, si une bouteille passe par là, goûtez ! Si vous oubliez le prix payé, c'est que cela valait la peine.
Ch. Rauzan Segla 2001, Margaux : le dernier grand Rauzan avec ses qualités propres. Droit et sans concession là ou d'autres produisent des vins fluets. Pas la maturité du fruit et la complexité du 1998, ni la gourmandise du 1999 mais c'est un sommet dans un style racé et élancé. Du niveau du 2000, lui.
Ch. Palmer 2001, Margaux : hommage à Palmer qui sort un 2001 plus grand que le 2000. Très irrégulier autrefois (sans parler de l'insipide second vin "alter ego" des années 1990 qui ne trouvait comme mauvaise excuse de ne pas être un vrai second vin), il a retrouvé son lustre. Un modèle de Margaux : fruité croquant, fin, élégant.
Ch. Pontet Canet 2001, Pauillac : un petit millésime pour Pontet Canet. Cela veut dire qu'il fera rêver à peu près tout le monde. Pas de commentaire, goûtez tout.
Les propriétaires de ce château font du bien au Vin et à l'image de la France partout où il se goûte.
P. S : la cave du connaisseur fait une place aux 1995, 1996, 2000, 2002, 2004, 2005. Et l'on se régalera de façon plus précoce des 2001 et 2003. 2005 fera longtemps parler de lui.