L'avis de Guillaume Barthélemy, fondateur de VintéGraal, après + de 400 vins dégustés
La dégustation des primeurs bordelais est un événement majeur du calendrier de la planète VIN.
S’y retrouvent les acteurs de la filière que sont les distributeurs, généralement négociants de place (à Bordeaux les grands châteaux ne vendent pas en direct au consommateur mais via le "Négoce"), importateurs étrangers ou encore les acheteurs de la grande distribution.
On y croise peu de sommeliers, mais chaque année VintéGraal fait le déplacement. C’est un moyen de renforcer notre conseil, gratuit car nous ne pratiquons pas la vente en primeur, auprès des clients particuliers qui souhaitent constituer leur cave.
Il est aussi question pour VintéGraal d’acquérir une vision d’ensemble du millésime dans la région et d’actualiser notre connaissance des châteaux afin de servir les meilleurs millésimes des meilleurs crus lors des dégustations de prestige que nous organisons pour des sociétés souhaitant honorer leurs clients et relations d’affaires.
Car oui, contre toute attente et l’idée répandue selon laquelle les bordelais « grugeraient » les vins pour les présenter sous leur meilleur jour lors de la grand-messe des primeurs, il est selon nous possible de se faire un jugement affuté sur les vins dès ces dégustations d’avril.
Et depuis la création de VintéGraal en 2003, aucun vin qui sublime notre goût lors des primeurs ne nous a déçu par la suite. En fait, les mauvais le sont dès les primeurs et ne peuvent pas masquer grand-chose à des dégustateurs appliqués.
Alors ce millésime 2010 ?
La version officielle annonce un millésime exceptionnel, encore meilleur que 2009 sur plusieurs vignobles.
Florilège :
Le millésime 2010 dans le Bordelais sera "racé", "formidable", "un autre très grand, en rouge et en blanc" après celui de 2009 déjà "couvert de louanges" dixit plusieurs professionnels cités par Le Figaro dans son édition du 15 mars 2011.
"C'est un millésime racé, d'une élégance formidable", Sylvie Cazes (Directrice de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, précision qui compte), citée encore par le Figaro.
Plusieurs grandes réussites créditent ce point de vue. Mais de nombreuses déceptions tant rive droite avec des vins trop concentrés, denses, démonstratifs, lourds sue rive gauche où nombre de vins sont maigres et déséquilibrés. Un point commun partout chez les mauvais élèves : les fins de bouche sèches façon 2003 qui va aider à prendre conscience de l'utilité de la biodynamie pour que les racines des vignes plongent plus profondément et trouvent plus facilement de quoi se nourrir même en cas de sécheresse.
Voici une petite sélection qui occulte délibérément les crus « astronomiques », précieux, hors de prix et souvent de qualité du reste. Ces crus qui voyageront de cave en cave au gré des ventes aux enchères. A moins qu’ils ne soient ouverts dès leur prime jeunesse par d’impatients buveurs ignorant encore le rôle de l’initiation pour profiter des plaisirs.
Nous présentons nos excuses aux amateurs de notes sur 20, sur 100, … Nous ne participerons pas à l'élection de Miss Monde cette fois ni n'encouragerons les consommateurs qui voudraient comparer la note d’un Pauillac avec celle d’un Vosne Romanée.
Le Miracle Margalais
Margaux fut jadis l’AOC la plus hétérogène entre de rares crus exceptionnels et de nombreux médiocres. Le nivellement de la qualité se fait vers le haut. C’était flagrant sur 2009, mais caché des papilles du plus grand nombre par la réussite de l’ensemble du Médoc. Et même de la large supériorité des aoc à cabernet sur les copines merlotantes.
Tous les crus dégustés sont de qualité, plusieurs auront leur place dans ma cave, et parfois comme sur le millésime 2009, des châteaux qui m’ennuyaient largement par le passé :
- Château Durfort Vivens, dans la lignée du sublime 2009
- Château Brane Cantenac
- Château Ferrière, étonnant
- Château Cantenac Brown, la révolution pour ce cru
Et le retour à meilleure fortune d’un cru avec lequel j’ai découvert ma passion pour le vin, Rauzan Ségla, qui m’avait moyennement plu depuis 2001.